Cravanche entre les deux guerres et la Maison RUOT

Témoignage d’Hélène BAULERET, en juin 2002, racontant la vie à Cravanche entre les deux guerres.

Cravanche en hiver, vue de « la maison Ruot », photo prise dans les années 1930.

 

 

A l’ouest de Cravanche, l’avenue Briand emprunte la petite vallée entre le Salbert et le Mont pour déboucher sur la route menant vers la Haute-Saône toute proche. L’avant dernière maison de l’avenue Briand, dite « maison Ruot » est celle où vit Hélène, la petite fille des Ruot.

Autrefois la route était un simple chemin d’intérêt communal, utilisé par les voituriers allant à Chalonvillars, par les ouvriers exploitant la carrière sous le Mont, ainsi que par les promeneurs du dimanche. De Belfort, on venait volontiers pique-niquer dans la nature, visiter les fameuses grottes préhistoriques et prendre un pot au café du Bois Joli ou au café de la Chasse. A proximité de ces lieux, La maison Ruot occupe un emplacement quasi stratégique; entre la route et l’ancienne voie ferrée militaire du Salbert.

Pendant les moments de repos, les Ruot prennent le temps de bavarder avec les passants.

A l’époque, les pâturages maintiennent la forêt éloignée ; au printemps on vient cueillir les pissenlits dans les prés. Les abords des ruisseaux qui prennent leur source dans le Salbert sont fort agréables. C’est dans ce décor bucolique que se situent les souvenirs de jeunesse d’Hélène.

La construction de la maison entreprise par Xavier et Angéline Ruot, date de 1910. Xavier est l’un des sept enfants d’une famille qui occupe une ferme d’Evette-Salbert. A la suite d’un incendie de la ferme, la famille éclate prématurément. Xavier se fait embaucher à la SACM. Angéline, son épouse lui donne six enfants. La famille s’installe dans la nouvelle maison de Cravanche dès 1910. Pour améliorer les ressources de la famille, Angéline loge des ouvriers italiens qui extraient la pierre calcaire de la carrière voisine. Dans cette belle maison c’est le bonheur, malheureusement de courte durée. En effet, en 1914 Xavier meurt à la suite d’un accident du travail à la SACM, et Angéline est emportée par l’épidémie de grippe espagnole en 1918.

Marie Ruot, la mère d’Hélène, est l’aînée des six enfants orphelins ; elle n’a que 21 ans lorsque le drame arrive. Elle prend en charge ses cinq frères et sœurs qui tous, fort heureusement, travailleront à la SACM ou au DMC. En 1919 Marie épouse Louis Sparapan, originaire du Haut-Doubs. Tout ce monde vit dans la maison familiale. Tous et toutes sont travailleurs. Suzanne et Raymonde, sœurs de Marie, servent de surcroît, les samedis et dimanches au café des Grottes. Elles se rendent aussi disponibles pour conduire les nombreux visiteurs dans les grottes préhistoriques à deux pas de la maison ; le parcours se fait à la lueur de lampes à carbure.

En 1920 naît Hélène Sparapan. Hélène grandit dans cette maison où elle va collectionner ses souvenirs de jeunesse. Avec son vélo de fillette acheté en 1926 chez Héberlé à Belfort, elle découvre son environnement. Elle se souvient de l’électrification de la commune à partir de 1923, des premières automobiles à Cravanche vers 1930, de l’arrivée de l’eau potable à la maison en mars 1936.

L’équipe des pompiers de Cravanche vers 1930
également Marcel Pangon, le Maire et
Louis Sparapan sont au 1er rang,respectivement
les 6ème et 7ème, à partir de la gauche.

La photo montre une équipe des premiers cravanchois passionnés d’automobiles. Hélène côtoie à cette époque beaucoup de gens parmi ceux qui font de Cravanche un village convivial et accueillant. Louis, son père, devient conseiller municipal en 1926. Hélène a de ce fait, beaucoup d’occasions pour participer aux sorties et aux fêtes de la commune, en particulier à celles organisées par l’équipe des pompiers. Hélène se souvient avec émotion de certains bals du samedi soir au café des Grottes, animés par un orchestre de six musiciens italiens. En 1944, Hélène se marie à un belfortain, Jean Bauleret. Le couple occupe la maison familiale . Jean travaille à la Société Lapostolest, bien connue des Belfortains. Hélène a la chance de garder sa maman Marie auprès d’elle jusqu’en 1974.

 

 

Merci à Madame Bauleret, pour nous avoir ouvert avec beaucoup de gentillesse sa boîte à souvenirs dont la plupart sont liés à cette maison familiale qu’elle porte dans son cœur et pour laquelle elle a une si grande fidélité.

Les 1ers amateurs automobiles à Cravanche (de gauche à droite : cinq Conseillers Municipaux: MM Sparapan, Gache, Stirnemann, Kerlé, Vogel, et le Maire : M. Pangon)